Déjà quelques jours que cet article aurait du être publie, j'aurai cru que les années passant cette date anniversaire de notre arrivée a JFK, ce premier voyage dans une sorte de taxi-limo tout déglingué qui me faisait penser a quel point le choc culturel allait etre immense...
Il a été bien au delà de mes attentes, mon petit gars de 8 ans parle de quand "on" a mis la pâtée aux anglais... euh "on" c'est les américains dans sa tête en fait quand on creuse un peu..
Les Français que je croise plus ou moins par hasard me disent de plus en plus souvent que j'ai un accent américain, j'ai un peu de mal a y croire mais finalement c'est peut être un peu vrai, quand j'étais petite je prenais l'accent vaudois en quelques jours chaque été.
Il m'arrive de ne plus trouver mes mots en Français, voire de ne plus savoir dans quelle langue on vient de me parler... me plongeant dans des situations ubuesques au travail de temps en temps ou je ne sais plus dans quelle langue m'adresser a quelqu'un qui visiblement a le même genre de parcours que moi.. ca commence en anglais, puis bifurque en Français des qu'on se rend compte qu'on est tous les deux francophones, mais il suffit qu'on échange des données genre numéros de téléphone pour que ca reparte automatiquement en anglais.
Mon petit système de debrouille a NY est bien rode, je suis moins souvent prise au dépourvu au fur et a mesure que les annees passent, je me debrouille super bien dans ce fichu metro qui pourtant nous en fait voir de toutes les couleurs, genre en changeant de voies, de direction ou ne s'arretant pas partout, j'ai mes petites astuces pour etre quasiment toujours assise aux heures de pointe .. euh non .. ca, ca se mérité je ne partage pas si facilement!
Je suis passée de l'Azerty a l'azerty virtuel, puis j'ai cédé, 100% qwerty maintenant... ceci explique les accents et autres misères que je vous impose - vous m'en voyez bien désolée.
Je peux faire a peu près parler de n'importe quoi au téléphone avec n'importe qui sans perdre mon calme, mais bon quand je tombe sur des sous traitants en Inde et leur anglais qui m'énerve, ... ben ca m'énerve!
Il m'arrive régulièrement de jouer les traducteurs, a la mode new yorkaise, entendre de traduire de l'anglais parle par des espagnols a une chinoise parlant anglais, tout ca pour déterminer le prix d'une séance de lavomatique.
Cote écrit, je m'en tire plutôt bien, même si je dois me relire 3 fois, ce que je ne fais que rarement en Français - et que je devrais faire comme vous le constatez probablement assez souvent ici .. J'ai même des amis américains qui me disent qu'il est désormais quasi insoupçonnable a l'écrit que je suis française - bon, on ne parle pas d'articles de blogs, ca c'est bien entendu - plutôt des bafouilles formelles et quotidiennes. J'ai de plus en plus envie de blogguer en anglais, mais le processus d'écriture est tellement diffèrent que ca me fait un peu peur de me répéter a chaque fois.
Je remets régulièrement en place les petits malins qui essaient de me faire payer le prix spécial touriste quand on est dans des coins qui vont bien - puisqu'affichage des prix non obligatoires, il y en a qui se font bien plaisir- puis comme je ne me laisse pas faire, ils capitulent de bonne grâce non sans me demander qu'est ce que je fabrique avec un appareil photo si je ne suis pas une vraie touriste .. et la, ils ne comprennent plus rien, parce que visiblement quand tu habites dans cette bonne ville de NY tu devrais être blase de tout. Grosse erreur a mon avis quand je vois l'évolution de mon regard sur la ville, c'est comme si les couches de la ville, les intrications étaient de plus en plus claires pour moi, je trouve donc que mes photos sont bien plus intéressantes qu'il y a 6 ans.. et je ne parle pas du tout du cote technique pour le coup.
Le rythme du calendrier aussi a change, ma semaine est plus dense, mais chaque mois arrive aussi connoté de ses plaisirs saisonniers dans mon esprit, l'automne a perdu sa tristesse qu'il revêtait dans mon esprit en France et est paré des couleurs de l'été indien, d'Halloween et des bons moments entres amis. L'hiver est charge de promesses de ciel bleu, de froid piquant et de tonnes de neige, le printemps me rappelle chaque année l'extraordinaire vigueur de la vie ici, et l'été les plaisirs simples..
Cote boulot, j'arrive désormais plus facilement a trouver une balance entre ma culture francophone, ce mode de vie américain et ce grand écart, en essayant de tirer mes forces de cette différence... puisqu'il est bien évident aux yeux de tous que je suis française, autant s'en servir! De constater qu'a l'étranger le savoir faire Français, passe de générations en générations, et brille haut et fort.. que ca soit dans l'artisanat, l'art, le cinéma, la couture ou les métiers de bouche.. il y a de quoi se battre pour continuer a protéger cette exception culturelle, et loin du yeux ne signifie pas loin du cœur, loin de la... Je supporte donc les initiatives diverses et variées pour aider ce rayonnement a l'étranger a ma petite échelle quand je le peux. J'ai la dent dure des fois contre la mère patrie, mais est ce que je perdrais mon temps a en parler si je n'avais pas l'espoir qu'un jour ca portera quelques fruits?
L'idée d'ajouter un troisième passeport -américain- dans quelques années a ma collec' me plait plutôt, cette sensation d'être sortie de ce purgatoire de sous citoyen qu'est le statut de sous visa étant déjà un grand pas, disons une épée de Damoclès en moins.. Etre un jour capable voter ici, et donc de m'engager activement me plait, l'idée de peut être participer a l'élection d'une femme a la tête de ce pays me plairait bien, tant que ce n'est pas celle folle d'Alaska.. ou celle de Georges .. je digresse. Je suis heureuse qu'un jour mon fils puisse devenir officiellement le petit américain qu'il est en train de devenir .. ce qui permette de ne pas avoir de discrimination de la nationalité dans quelques années dans des situations scolaires, sportives etc...
Bref, .... 6 ans et toutes mes dents ... en espérant que vous trouvez toujours du plaisir a venir sur ce blog, et que lui aussi participe a tisser des ponts entre ces deux cultures, oserais je dire, mes deux cultures.