Il y a des choses qui ne sortent sur ce blog qu'après un temps plus ou moins long de maturation, je sais que ce post de blog, il y a probablement des dizaines de mois que j'y pense. Puis j'avais un peu oublié .. et c'est revenu ce soir comme un boomerang. Tellement clair et limpide que je me suis dit qu'il fallait que je saisisse la queue de la comète avant qu'elle ne re-disparaisse. Les autres bloggueurs j'en suis sûre voient très bien de quoi je parle: le moment auquel j'écris un post de blog est pour moi capital en ce qu'il change totalement la tonalité, le contenu et surtout l'envie de le faire .. ou non, et donc la force qui va s'en dégager. Et donc, aujoud'hui en fin d'après midi je suis allée à une scéance de dédicaces juste à côté de chez moi, c'est quelque chose que j'aime bien faire, que je faisais déja assez souvent en France, mais honnêtement, c'est rare que je sois aussi pressée que ça arrive qu'aujourd'hui. D'abord, c'est totalement par hasard que je me suis rendue compte que l'auteur venait faire ça: un ami a acheté des livres d'occasions pour son enfant de cet auteur et en voyant le nom ça a fait une gros geant sonore "tilt". Et j'ai dû un peu trop m'enthousiasmer parce que quelques jours plus tard cette même personne m'a dit que cet écrivain venait pour une seance de dédicace, j'ai à peine vérifié mon agenda et dans ma tête il y avait déja une énorme mention en rouge sur cette soirée là. Comment ça c'est à l'heure du repas du soir et mister T. sera à l'autre extremité du pays!?!.. c'est sûrement pas ça qui allait m'empêcher d'y aller, donc 3 ou 4 jours avant j'ai briefé mon loulou de 6 ans -et toutes ses dents- sur comment -bien- se tenir à une seance de questions/réponses et dédicaces. Honnêtement, il a été parfait... Bon mais là n'est pas le sujet. Celle que je suis allée rencontrer c'est cette dame, de la génération de ma grand mère:
et j'ai réalisé ce soir qu'elle avait probablement eu une des influences les plus décisives sur ma vie, parce que son nom c'est Judy Blume. Or quand j'avais 4 ou 5 ans, mes parents m'ont abonnée, entre autres, aux livres de l'Ecole des Loisirs, que vous connaissez sûrement, abonnements qui se sont poursuivis jusqu'à au moins l'adolescence (pour ceux qui ne connaissent pas ce sont des abonnements avec des noms comme Maximax, ... le principe est une selection d'une dizaine de livre avec un envoi par mois, avec toujours de auteurs particulièrement adaptés, novateurs, spécifiques et reconnus pour la tranche d'âge de l'enfant concerné). Au passage, d'ailleurs, mon fils y est à son tour abonné, et les reçoit ici, à New York, par courrier, et c'est pour nous un vrai bonheur aussi de partager une de ces rares choses de notre culture spécifiquement française -comprendre des histoires en français- avec lui. Digression terminée!
Bref, quand j'avais 7 ou 8 ans je pense, j'ai reçu les livres de Judy Blume, l'histoire de Peter et de son petit frere, enfant de classe moyenne grandissant quelque part aux USA, qui allait déménager dans le Maine, je suis allée virtuellement Trick or treater pour la toute première fois de ma vie dans ses pages lorqu'elle a parlé d'Halloween, j'ai découvert que les cookies leur étaient ce que le pain au chocolat est pour nous. J'y ai appris la définition d'un banana-split, et son exacte composition, la première fois que j'ai entendu parler des Goodie bags c'était là aussi ... et j'en passe...
Et en allant la voir, je me suis rendue compte à quel point cette femme avait joué un rôle tellement unique dans la manière dont elle a, probablement bien malgré elle, façonné une image de ce qu'était qu'une enfance américaine pour la petite française que j'étais. Et donc probablement aussi, quand nous avons été confrontés à ce choix de partir ou non pour New York, j'en suis maintenant bien consciente, tout ceci à évidemment pesé dans la balance, et cette fois ci en tant que jeune maman.
Il y a quelques mois, si l'on m'avait demandé ceux qui ont façonné mon image des Etats Unis, j'aurai répondu sans trop réfléchir Tom Sawyer, Laura Ingalls, Punky Brewster, Friends, des romanciers comme Tom Wolfe, Paul Auster, Jay McInerney ou que sais je encore. Depuis quelques heures seulement, je sais qu'en fait Judy Blume, avec son Peter, a été présente avant eux, et de manière bien plus profonde, comme seuls les livres qu'on lit jeunes peuvent nous marquer je pense. Ca m'a donc vraiment émue de lui demander une décicace pour mon fils, comme une passage de relai. Bien évidemment, pour lui qui grandit ici, ça n'aura pas la même saveur d'exostisme, .. puis le livre dédicacé, il est en anglais mine de rien, parce que mon fils, ses toutes premières lectures totalement autonomes, elles seront et elles sont déja en anglais. On a beau dire .. c'est quand même un sentiment un peu étrange pour un parent.
croyez moi, celui là je vais le garder précieusement jusqu'à ce qu'il soit assez soigneux!
Bref, je ne sais pas quoi retirer de tout cela, si ce n'est que c'est toujours un plaisir extraordinaire de pouvoir rencontrer ces personnes qui nous ont façonné de par leurs écrits, leur musique ou leurs films, chez elles, dans le milieu qui les a vues s'épanouir en quelques sortes.
Cela fait partie des milliers de raisons pour lesquelles j'aime tellement cette ville!